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L’Industriel Jean Bourrel

Par André Marcel

 

Symbole de l’âge d’or quillanais de la chapellerie, l’industriel Jean Bourrel devient maire de Quillan à l’issue des élections municipales de 1925. Réélu le 18 mai 1929, Jean Bourrel donnera sa démission lors de la séance du conseil municipal du 30 mai suivant. Cette volonté de ne pas poursuivre à la tête de la municipalité survient dans un contexte de crise industrielle et d’accusation de Jean Bourrel et de son équipe de rugby de professionnalisme à l’issue de la victoire de l’USQ lors de la finale du championnat de France de première division. A l’annonce de cette démission, le conseil municipal désigne aussitôt une commission de six membres pour faire revenir le maire sur sa décision. Jean Bourrel retirera sa démission dès le lendemain, débutant ainsi son deuxième et dernier mandat.

Lorsque Jean Bourrel arrive à la tête de la municipalité, Quillan est une « coquette cité industrielle » qui «tend à devenir de jour en jour plus importante et constitue déjà un centre de tourisme très fréquenté ».

Passionné de sport, Jean Bourrel sera un véritable mécène qui conduira l’équipe locale de rugby sur la plus haute marche du podium de la première division en 1929 et mettra le nom de Quillan sous les feux de l’actualité. Possesseur d’un champ de courses à la Plaine, en 1925, il a fait aménager le premier stade municipal route de Carcassonne.

La Chapellerie en Haute Vallée

L’apogée de l’âge d’or de la chapellerie sera marqué par la venue du président de la République, Gaston Doumergue, à Quillan le 23 juillet 1928. Alors que la Haute-Vallée de l’Aude détenait le quasi monopole de la production du chapeau de feutre de laine, la crise de 1929 et une production de mauvaise qualité vont avoir des répercussions sur cette activité industrielle. Entrée en phase de crise, la chapellerie connaît alors son lot de fusions, recapitalisations et faillites. Dès 1929, les établissements Jean Bourrel à Quillan et Baptiste Bourrel à Espéraza fusionnent pour devenir les établissements Bourrel réunis qui fusionnent à leur tour avec l’Industrie Chapelière de l’Aude (ICA) en 1932.

Les deux mandats de Jean Bourrel sont marqués par une phase de croissance démographique allant jusqu’à atteindre le plus haut niveau de la première moitié du XXe siècle avec 3707 habitants en 1931, puis une phase de décroissance régulière. L’augmentation de la population a pour conséquence l’expansion de la ville avec, dès 1926, la création du lotissement « Cité Bellevue » (Actuelle rue Maréchal Leclerc) à l’initiative de la société de grumes et sciages. La densification du trafic dans le quartier de la Cayrole conduit le conseil municipal à décider de l’ouverture, en septembre 1929, de quatre rues depuis la promenade jusqu’à la route nationale.

Par ailleurs, l’augmentation de la population scolarisable obligera la municipalité à établir, en mars 1929, une salle de classe dans la salle occupée par le syndicat d’initiative afin de décongestionner l’école des garçons. Face à cette situation, une étude pour faire un groupe scolaire de garçons sur un nouveau terrain sera lancée en août 1930. Sans doute autre conséquence de la croissance démographique, c’est le 18 août 1930 que s’ouvre à Quillan une maison de tolérance qui deviendra quelques mois plus tard « Les Camélias ». Deux de ces maisons existent déjà à Quillan, mais leur ouverture était épisodique et se limitait essentiellement aux périodes de conseils de révision.

Si dès janvier 1926 bon nombre de Quillanais pouvaient se raccorder au tout à l’égout et à l’eau, les conditions d’hygiène de la ville s’avéraient chaque jour problématiques. En effet, alors que la population ne cessait d’augmenter ainsi que le nombre de touristes, la ville n’était dotée que « d’un W.C. à deux stalles d’une insuffisance notoire ». Aussi, en septembre, le conseil municipal décida-t-il de faire procéder au plus tôt à la construction de water-closets publics pour un montant de 28 000 francs. Ce n’est qu’en mai 1928 que Monsieur Maugard de Quillan remporta l’adjudication pour la construction en surplomb de l’Aude de deux W.C. publics à quatre stalles, l’un rue de la Hille et l’autre rue de la Paix. A partir d’août 1932, un nouveau projet de tout à l’égout est à l’étude. En juin 1934, la municipalité prend la décision de construire un lavoir communal sur l’emplacement de l’ancienne usine dite de la Hille.

Parmi les aménagements notables réalisés au cours des mandats de Jean Bourrel, figure la construction du Pont Suzanne, réalisée à son initiative et avec ses deniers. Autorisé le 8 mars 1928 à prendre un point d’appui sur la rive gauche de l’Aude à la Hille pour édifier un pont métallique, Jean Bourrel le fera inaugurer par le président de la République le 23 juillet suivant. Il en fera don à la ville le 1 août, à charge pour elle de l’entretenir ainsi que le chemin le reliant au chemin dit du Pouzadou. Accepté le 3 août par le conseil municipal, ce don sera suivi en septembre 1929 par celui des rues du quartier de la Rhode appartenant elles aussi à Jean Bourrel. Cette dernière donation incitera la municipalité à entreprendre l’aménagement de ce quartier.

Au nombre des autres réalisations et projets, signalons en 1930 l’éclairage de la route de Ginoles et le projet d’électrification des campagnes et en 1931 le projet d’installation d’une cabine téléphonique au hameau de Laval avec construction d’une ligne. C’est le 27 septembre 1934 qu’est créée par décret la Régie Municipale d’Energie Electrique, dotée d’un budget autonome. En 1934, alors que le mandat de Jean Bourrel touche à sa fin et que la chapellerie est en crise, l’artisanat et l’industrie quillanais sont relativement diversifiés avec une prédominance des industries de la filière bois et des industries de la conserve alimentaire. C’est à partir de cette période que s’opère à Quillan une mutation industrielle avec le départ de nombreux ouvriers du bâtiment dans les fabriques de meubles.

Dès son arrivée, le président est conduit dans un salon qui lui est réservé. Là, des discours sont prononcés par le maire de Quillan et par le ministre de l’Intérieur. A l’occasion de cette venue, le Pont Suzanne, alors propriété de Jean Bourrel, est inauguré par le président. Un banquet est ensuite offert par la municipalité à 300 convives dans une salle de l’usine Bourrel. Au cours du repas, Madeleine Roch lit à l’adresse du président de la République un poème d’Albert Bausil, A l’issue du repas, un spectacle est offert au président dans le parc de La Forge. La scène du théâtre de nature accueille la Troupe de la Comédie Française qui donne une représentation de « La chanson de Roland ». La comédienne qui incarne la fille du héros n’est autre que Madeleine Roch.

Article issu du livre de André Marcel « Quillan Histoire populaire »

 

 

 

 

 

 

 

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L’usine Bourrel avant la construction du Pont Suzanne

Construction du Pont Suzanne

Construction du Pont Suzanne

Construction du Pont Suzanne

Construction du Pont Suzanne

Sur la gauche l’usine Bourrel, à droite le quartier de la Hille

Chapellerie Jean Bourrel

L’usine de chapeaux en pleine activité

Inauguration du Pont Suzanne par Gaston Doumergue Président de la Répuiblique

Inauguration du Pont Suzanne par Gaston Doumergue Président de la République

L’Equipe de l’US Quillan coiffée de chapeaux Thibet