Quillan
rugby
L'Histoire de l'US Quillan de 1902 à 2014
1940-1950, une période difficile
L’après-guerre
Dans ce contexte un peu particulier de l’après-guerre, si les sources écrites sont peu nombreuses, l’engouement pour les activités sportives est important et contribue à insuffler un dynamisme nou- veau dont profitent les équipes de rugby à XV. Comme partout ailleurs dans l’Aude, les clubs de rugby de la Haute-Vallée et des environs renaissent Espéraza, Puivert, Chalabre, Quillan… Malheureusement, les premiers résultats sont loin d’être à la hauteur des espérances.
Plusieurs explications à cela: la première est d’ordre économique. Les grands moments de l’U.S.Q. coïncident avec la prospérité de l’industrie chapelière. C’est en effet autour de son usine que Jean Bourrel a bâti la grande équipe de l’U.S.Q… Or, après la guerre, cette activité, l’une des plus importantes de la Haute-Vallée, connaît un déclin inexorable. Les difficultés économiques et sociales sont importantes… Les grèves qui éclatent à la fin des années 40 marquent la fin d’une époque… Le rugby perd l’un de ses principaux soutiens. Nous sommes désormais loin du temps où Jean Bourrel pouvait se permettre de « débaucher » les meilleurs joueurs français en leur offrant des emplois dans son entreprise en plein essor.
A cette cause économique s’ajoutent des causes sportives : tout d’abord le renouveau spectaculaire et la grande popularité du jeu à XIII.
En 1941, un décret du Gouvernement de Vichy avait dissout la ligue… rétabli à la Libération, le rugby à XIII (les puristes m’excuseront pour les erreurs chronologiques à propos de la bonne utilisa- tion du terme rugby à XIII – Jeu à XIII) connaît une restructuration rapide, les clubs se multiplient, les compétitions sont réorganisées. En 1947, lors de la tenue du Congrès de Bayonne, est créée la Fédération Française de Jeu à XIII.
C’est l’âge d’or du jeu à XIII en France… après le football, les treizistes font la une des gazettes sportives. L’A.S. Carcassonne de Puig-Aubert, Mazon… et les autres attirent des foules de supporters, y compris dans la Haute-Vallée. Crime de lèse-majesté ! Imaginez que le stade Jean Bourrel, bastion du rugby à XV, accueillera au moins à deux reprises des matchs de jeu à XIII. Songez que Quillan recevra à plusieurs reprises des hôtes prestigieux venus de l’autre bout du monde : les Kangourous australiens et les Kiwis néo-zélandais.
Enfin, en 1949, avant sa finale contre Marseille (non ce n’est pas une erreur !), l’A.S. Carcassonne et ses vedettes viendront se mettre au vert à Ginoles… Sans succès puisque les Carcassonnais seront battus par Marseille.
Enfin, dernière explication: la crise latente et les incohérences de la Fédération Française de Rugby à XV… Ce sont d’ailleurs ces difficultés internes qui vont ouvrir la porte au jeu à XIII: violences sur les stades, amateurisme bidon (ainsi Jean Galia, Champion de France avec l’U.S.Q. en 1929 est radié de la F.F.R. pour professionnalisme : il rejoint alors les rangs du XIII), création d’une fédération dissidente en 1931 I’U.F.R.A. (Union Française Rugby Amateur), rupture des relations avec l’International Board… qui va obliger le XV de France à rencontrer jusqu’à la seconde guerre mondiale des nations de second rang: l’Allemagne (10 fois), l’Italie et la Roumanie. Ainsi les meilleurs quinzistes passent souvent à treize… ce qui a pour effet d’envenimer un peu plus les relations entre la F.F.R. et la Fédération de jeu à XIII.
US Quillan
Debout , à gauche – Erminy-Canal-Rivié-X-X-Bonnet-X-X-Escalin-X-X / Accroupis à gauche-R.Baraybar-Cazals-X-Cutzac-X-X-Cargol-Vital-Durand-Sanchez(chapeau)-Pons
Quillan-Limoux??
Y aurait-il eu une entente entre Quillan et Limoux à cette époque? Cette photo semble l’affirmer, mais pas d’autres traces.
Une période difficile (1941 – 1949)
L’armistice a été signée, mais la guerre continue. La partie Sud, est encore en zone dite libre. De nombreux jeunes cependant sont prisonniers ; les restrictions se font sentir. La vie s’organise, le rugby reprend à Quillan dès 1941 et ce dans des conditions difficiles. Peu de moyens de transports. On utilise camions et bétaillères, parfois un car équipé de gazogène. Quelques joueurs de cette époque se souviendront d’un déplacement à Pamiers. L’équipe quitte l’Ariège vers 17 h 30 et ne rejoint Quillan que vers 6 h du matin après bien des péripéties mais avec un sac de haricots sur l’impériale.
Autre fait remarquable, un déplacement à Coursan. Transport : une bétaillère et la traction avant d’Escalin (taxiteur). La bétaillère tombe en panne à Trèbes. Finalement, l’équipe se présente sur le terrain de la gare à Coursan avec pas mal de retard. Pas d’arbitre. Colomies, dirigeant de Quillan, est désigné pour arbitrer. Le match a lieu, Amédée Cutzach de Quillan est juge de touche. Le match est heurté, la partie indécise, la nuit tombe. Quillan marque un essai à quelques 10 m de la ligne de touche. De joie, Cutzach lève le drapeau. Les Coursanais traduisent passage en touche. Discussions sur la validité de l’essai. Le match reprend. Coursan domine, la nuit est là. Colomies n’ose pas siffler la fin de la rencontre alors que le temps de jeu est largement dépassé. Quillan se dégage, l’arbitre siffle la fin. Le terrain est envahi par le public. Une rentrée difficile dans les wagons de marchandises servant de vestiaires. La rentrée à Quillan sera héroïque, quelques 13 joueurs dans le taxi Escalin.
1942-1944
l’U.S.Q. dispute le Championnat du Languedoc des séries régionales. Malgré les difficultés, les 3ème mi-temps sont animées à l’arrière salle du café Signoles ; Félix Erminy à l’accordéon accompagne Canadeil dans son répertoire toujours répété et toujours applaudi. « Ne sortez pas le soir sans allumettes » est l’une de ses chansons préférées.
Flamand, Cutzach, le soigneur Canadeil sont les représentants de la période glorieuse. Jourda fait ses débuts, il sera Champion de France douze ans plus tard.Une des premières rencontres de cette période difficile se joue à Pomas sur un terrain situé en bordure de rivière. Une 1ère ligne avec Martre, Delord, Flamand, une 2ème ligne formée de Canal, Foulquier et une 3ème ligne de Gosse et Erminy. C’est dans ce contexte que Louis Gosse va s’impliquer dans la vie du Club. Nommé enseignant en Haute-Vallée, L. Gosse a joué à l’A.S. Carcassonne à partir de 1935. Il y côtoie les Choy, Depaule, Gabanou (ex Quillan), Vassal. En 1937, il participe au 8ème de finale contre Bayonne et au quart de finale contre Biarritz. Naturellement, il passe à XIII avec son club et rencontre Duhau comme chef de file. La mobilisation de 1939 interrompt sa carrière de haut niveau. A son arrivée en Haute-Vallée, les dirigeants lui confient l’entraînement et le capitanat. Il assurera ses fonctions jusqu’à l’âge de 38 ans.
1944-1945
Au cours de cette période 44-45, le club a la douleur de perdre un de ses membres, Charles Bournet tué lors la libération de la Haute- Vallée dans les Gorges de Cascabel.
Le club a ensuite des fortunes diverses dans les séries régionales, mais parvient en 46-47 à jouer une finale du Championnat du Languedoc. Chabaud, Jalibert, Canal, Durand, Pons, Vaysse, Chaumond (O.), Cargol (M.), Gosse (capitaine), Villa, Losma, Fabre, Simon, Jourda, Sanchez, Julve en font partie. Malgré quelques succès, le club tangue et c’est le départ de bon nombre de joueurs,
1949-1950
Un sang nouveau et exclusivement local est apporté par des éléments de l’Isard. Les Barcelo, Rouan, Caussidéry, Bergeron, Boyer, Radaelli, Saunière, Jourda, Cartier formeront bientôt l’essentiel d’une jeune équipe dynamique et enthousiaste.
Ci-dessus, les 2 mêmes photos, mais inversées
L’équipe entraînée par P. Escaffre et au sein de laquelle on retrouve entre autres: Sylvestre, Jalibert G., Miravette, Chanaud, Graulle, Vaysse, Caujolle, Villar, Martinez, Gabin, Loubières, Saunière, Bourrel, Simolenski, Jourda, Marion, Jalibert P., Gosse L., Sanchez… va obtenir des résultats honorables.
En Décembre 1948, au second tour de la coupe de France, elle sort victorieuse de sa confrontation avec Pézenas sur le score de 10 à O obtenant du même coup le privilège de rencontrer au tour suivant une équipe de haut rang, le Castres Olympique, vainqueur de cette même coupe de France en 1946/1947.
Le 2 Janvier 1949, il n’y a pas de surprise, malgré la vaillance des Quillanais, Castres l’emporte sur le score sans appel de 19 à 0.
Cette élimination en coupe n’empêche pas l’U.S.Q. de poursuivre sa route en championnat puisque le club assure une place dans les trois premiers et se qualifie donc en compagnie de Limoux et de Cruzy pour le Championnat de France Honneur.
L’U.S.Q. trouve alors sur son chemin en poule K: Elne, Bédarrides, Port-Vendres et Laroque d’Olmes. Après une défaite à Elne (14 à 5) et un nul face à Laroque d’Olmes (0 à 0), le match capital se joue contre Port-Vendres le 13 mars 1949. Battue 8 à 6, l’U.S.Q. est éliminée. Son adversaire du jour deviendra Champion de France Honneur en venant à bout de Prades par 9 à 0 en finale à Perpignan. Quant au Castres Olympique, il devient la même année Champion de France en battant, en finale, Mont de Marsan.
La saison 1949/1950 ne s’ouvre pas sous les meilleurs auspices… un effectif diminué par rapport à l’année précédente inquiète les supporters rouge et bleu.
Dès le mois d’octobre, le club entre en lice dans les poules de brassage… en cas de succès l’U.S.Q. accèderait à l’Excellence B.
Les affaires s’engagent mal défaite à Pézilla, puis contre Castelnaudary. Le 16 octobre 1949, Jean Bourrel, figure emblématique de la Haute-Vallée et de l’U.S.Q. s’éteint victime d’une congestion cérébrale… touché par la crise de la chapellerie, souffrant de voir ses anciens ouvriers réduits au chômage (lui-même n’étant plus à la tête de l’entreprise), il ne peut supporter l’éventualité d’une fer- meture de l’usine qui fut l’œuvre de sa vie. C’est un mauvais coup de plus pour l’U.S.Q. qui ne se déplacera pas à La Seyne pour y disputer son 3ème et dernier match de poule : l’U.S.Q. ne jouera pas en Excellence B; éliminé le club dispute le Championnat du Languedoc Honneur.
1948-1949 l’Isard
La création de l’Isard
L’Isard
La longue histoire de l’U.S.Q. serait incomplète si on ne parlait pas de l’Isard. Seul vestige de cette époque, une banderole accrochée à une poutre de la maison du Rugby, les paroles de la chanson « l’Isard est la jeunesse, le sport et la gaieté » se sont envolées.
Après la guerre de 1939-1945, le sport scolaire est en pleine rénovation. Le décret de Novembre 1945 l’organise. C’est dans ce cadre qu’est né l’Isard, association sportive du cours complémentaire de Quillan. C’est Louis Gosse, enseignant de cet établissement, qui en 1947, crée ce club omnisports. La première section fut une équipe de rugby. Gageure quand on sait que cet établissement ne comptait que quelques 100 élèves, garçons et filles.
Rugby à XV rugby à XIII
Et cependant cette section de départ eût quelques notoriétés pratiquant le jeu à XIII et le rugby à XV dans une période où la lutte était rude entre les deux Fédérations. Les aides
financières étaient maigres (Mairie, Jeunesse et Sports) la principale ressource était la vente de dixièmes de la Loterie Nationale. Le club avait obtenu une habilitation pour cette vente. Les entraî- nements avaient lieu le samedi après-midi dans le cadre du « plein air ». Dans le cadre scolaire, l’Isard rencontrait le Lycée de Carcassonne, les Bleuets de Narbonne, le Lycée de Perpignan. Les jeunes de l’Isard rencontraient aussi une équipe managée par M. Paul Barrière, Président de la Ligue de jeu à XIII. Participaient à ces rencontres Raynier, Villanove, Dupuy, David et quelques autres.
L’Isard de Monsieur Gosse
L’Isard.
La longue histoire de l’U.S.Q. serait incomplète si on ne parlait pas de l’Isard. Seul vestige de cette époque, une banderole accrochée à une poutre de la maison du Rugby, les paroles de la chanson « l’Isard est la jeunesse, le sport et la gaieté » se sont envolées.
Après la guerre de 1939-1945, le sport scolaire est en pleine rénovation. Le décret de Novembre 1945 l’organise. C’est dans ce cadre qu’est né l’Isard, association sportive du cours complémentaire de Quillan. C’est Louis Gosse, enseignant de cet établissement, qui en 1947, crée ce club omnisports. La première section fut une équipe de rugby. Gageure quand on sait que cet établissement ne comptait que quelques 100 élèves, garçons et filles.
Et cependant cette section de départ eût quelques notoriétés pratiquant le jeu à XIII et le rugby à XV dans une période où la lutte était rude entre les deux Fédérations. Les aides financières étaient maigres (Mairie, Jeunesse et Sports) la principale ressource était la vente de dixièmes de la Loterie Nationale. Le club avait obtenu une habilitation pour cette vente. Les entraînements avaient lieu le samedi après-midi dans le cadre du “plein air”. Dans le cadre scolaire, l’Isard rencontrait le Lycée de Carcassonne, les Bleuets de Narbonne, le Lycée de Perpignan. Les jeunes de l’Isard rencontraient aussi une équipe managée par M. Paul Barrière, Président de la Ligue de jeu à XIII. Participaient à ces rencontres Raynier, Villanove, Dupuy, David et quelques autres.
La qualité du jeu de la formation “Isard” fit que M. Paul Barrière les invita à faire le match d’ouverture d’une demi-finale à XIII (Catalans – Roanne) sur le terrain de la Pépinière à Carcassonne (actuellement stade Albert Domec).
Mais comment l’Isard entra dans l’histoire de l’U.S. Quillan ?
Jean Bourrel, propriétaire du stade, décède le 16 Octobre 1949, Mme Bourrel, héritière fait labourer une partie du terrain de jeu jusqu’aux 22 mètres.
Un certain nombre de joueurs ont quitté le club. Presque plus de joueurs, plus de terrain. Les amateurs de rugby attachés à l’U.S.Q. font pression sur le Maire, M. Cazenove, pour l’achat du terrain.
Par délibération du Conseil Municipal du 25 Mai 1950, l’achat est décidé. Il sera inauguré le 5 Juin 1955 comme stade municipal. Le déficit de joueurs sera comblé par les jeunes formés à l’Isard. Les engagements sportifs sont tenus. Le club est sauvé et l’on voit apparaître sur le stade les Henri Boyer, Jean Rouan, René Saunière, Henri Laffont et bien d’autres.
L’Enseignement et le rugby quillanais
Dans sa période d’activité, Louis Gosse, en enseignant qu’il était, n’oubliait pas qu’une formation technique poussée était indispensable. Dans le cadre d’un stage U.F.O.L.E.P. organisé au C.R.E.P.S. de Toulouse, il y fait participer deux éléments de l’Isard : Rouan et Saunière. A l’issue de ce stage, Fernand Cousteaux, chroniqueur sportif bien connu, futur rédacteur en chef de la Dépêche, suit ce stage. Il titre son papier :
“Deux jeunes Quillanais Rouan et Saunière, seuls éléments de qualités du stage rugby du C.R.E.P.S.”
“Actuellement se déroulent parallèlement, à l’Espinet, des stages de basket-ball (F.S.F.) de football et de gymnastique (F.S.G.T.) qui, comme le stage de rugby, s’adressent à de jeunes athlètes.
Incontestablement ce sont les rugbymen qui apparaissent comme les moins dégrossis, les plus gauches. Que fait-on dans les clubs, que fait la F.F.R. en matière de formation technique ? Rien ou presque rien. Cela nous donne comme résultat le spectacle d’un international scolaire déjà excellent joueur, promis, semble-t’il, au plus bel avenir, mais méconnaissant le mécanisme de la réception d’une passe. La contraction de ses bras le handicape terriblement. Pourtant, je crois que Rouan sera l’un des meilleurs arrières français dans quelques années, sinon le meilleur.”
Et F. Cousteaux termine son article :
“En venant suivre ce stage, les deux joueurs de l’U.S. Quillan, Rouan et Saunière (Zème ligne) ont montré une conception très sereine de leurs obligations sportives. Ils sont venus apprendre. Ils apprennent avec la meilleure volonté du monde”.
Rouan devait être international contre l’Écosse (1951) et faire carrière au Racing Club Narbonnais. Quant à René Saunière, après avoir servi l’U.S. Quillan (3ème ligne), il se lança dans l’arbitrage avec grand bonheur.
Dans ces anciens de l’Isard, il faut aussi citer Montanos avec une brillante carrière à Valence.
L’histoire de l’Isard en rugby ne se termine pas là. Faute d’éléments, le rugby est abandonné au cours complémentaire. Il survivra quelques années avec le match traditionnel “Professeurs – Elèves” – Arbitre M. Gosse.
C’était le Samedi. Un match international Ecosse-France (1951). Jean Rouan, ancien joueur de l’Isard occupait le poste d’arrière.
Gosse avait réuni les élèves autour d’un poste radio. A un moment, le commentateur dit :
“L’Ecosse se dégage, Rouan est à la réception » et un blanc du commentateur et M. Gosse poursuit “Rouan contre-attaque » … “Rouan contre-attaque” poursuit le commentateur.
« Monsieur, vous le saviez ? ”. “Bien sûr, c’était combiné à l’avance ! »
Narration de Mr Gosse « Quillan, 100 ans de Rugby »