Quillan
rugby
L'Histoire de l'US Quillan de 1902 à 2014
1950-1955
Le temps des espérances (1950 – 1955)
Après avoir atteint le sommet du rugby national en jouant trois finales de 1ère Division (1928, 1929, 1930), emportant le titre de Champion de France en 1929, en fournissant à l’équipe de France un nombre de joueurs importants, l’U.S.Q., pour des raisons diverses, économiques en particulier, allait connaître une assez longue période de difficultés.
Malgré les difficultés dues à la guerre nous avons vu que saison après saison, le rugby avait été maintenu à Quillan grâce à la motivation et à l’opiniâtreté de tous, joueurs, dirigeants, supporters… L’U.S.Q., descendue très bas, va petit à petit gravir les divers échelons de la hiérarchie rugbystique régionale puis nationale.
Vers la troisième division
La Libération marque la fin de la guerre mais pas la fin des problèmes : choix du nouveau régime politique, reconstruction, problème de ravitaillement, etc… D’où la difficulté de trouver des documents nombreux et fournis sur les clubs de sport, notamment pour ceux qui opèrent dans les séries régionales… ces dernières attirant peu les journalistes. C’est le cas de l’U.S.Q.!
Augustin Bonnarel
Plus connu sous le nom amical de Titin, il est non seulement une personnalité quillanaise, mais surtout une figure du rugby.
Un exemple dans le royaume de l’ovalie. Une passionnante histoire d’amour avec le club rouge et bleu. Il a porté le maillot du club doyen pendant 10 saisons, il a participé à cette marche glorieuse de la 1ère Série à la 3″ème Division et au titre de Champion de France (1955).
En 1959, il remise les crampons. Après un exil professionnel sur le Pays de Sault, de retour à Quillan (1965) Bonnarel entre au Comité Directeur de l’U.S.Q.
Dans une période troublée du club, il accepte la Présidence du Club (72-74 et 85-86). Il sera ensuite vice-président. A ce titre, il sera un des éléments moteurs pour la construction de la “maison du rugby” et par la suite de son agrandissement pour permettre le service du repas du vendredi soir aux joueurs après l’entraînement.
Il y démontre ses qualités d’acheteur avisé et surtout de cuisinier.
C’est Titin qui a lancé le loto du dimanche soir après match.
50 ans au service du rugby. La médaille de bronze de la Jeunesse et Sports a récompensé son dévouement à la cause du sport, comme la médaille d’honneur de la F.F.R.
Quillan est en déplacement, le jeu est rude, l’arbitre distribue quelques généreux cartons blancs, jaunes et rouges. Il en fera le compte, de part et d’autre personne n’est content.
A la réception des dirigeants, l’atmosphère est tendue. C’est surtout le silence. Arrive l’arbitre. M. Maugard, Président de Quillan “M. L’arbitre, si vous me promettez de ne pas me mettre un carton jaune, je me permettrai de vous faire remarquer que vous avez la braguette ouverte ! ” L’atmosphère ne s’est pas détendue pour autant.
Un championnat à tiroirs
Un championnat où seuls les initiés et les experts comptables ont une chance de s’y retrouver. Malgré cela toutes les tentatives de refonte du championnat semblent vouées à l’échec, les oppositions sont nombreuses… parfois la fronde des clubs, comme en avril/mai 1952, oblige la F.F.R. à reculer.
Un exemple pour agrémenter les propos ; le championnat 1949/1950:
• Série régionales
. Promotion
• Honneur… c’est à partir de là que les choses se compliquent. • Excellence B: est constituée de 48 clubs:
– 16 éliminés des poules de brassage Excellence A / Excellence B 16 clubs qualité en Excellence B
-16 clubs issus des poules de brassages Excellence B / Honneur (les clubs éliminés à ce niveau disputent le Championnat
Honneur
• Excellence A:
– les deux premiers des poules de Fédérale
– les deux premiers des poules de brassage Excellence A / Excellence B
– 5 clubs déjà qualifiés
Championnat fédéral
-une phase préliminaire : 8 poules de classement constituées par les 16 derniers classés de Fédérale de la saison précédente et les 16 premiers classés d’Excellence A
-les 2 premiers classés de chaque poule (16) rejoignent les 32 autres clubs et disputent le Championnat Fédéral
Donc un championnat simple… comme vous pouvez le voir ! Venons à présent à l’U.S.Q., la renaissance est effectivement délicate, d’ailleurs une fusion entre Quillan et le voisin Espéraza est déjà envisagée… sans succès.
Quillan joue alors en série régionale: en 1947, le club dispute le Championnat de l’Aude (2ème Série). Pendant ce temps, Espéraza, qui joue à un niveau supérieur, s’illustre notamment en Coupe de France en éliminant Tarbes.
En 1948/1949, l’U.S.Q. dispute le Championnat du Languedoc Honneur / Promotion en compagnie de 8 autres équipes, une série de matchs simples, pas de phase retour, les 3 premiers sont qualifiés pour disputer le Championnat de France Honneur, le 4ème et le 5èm participent au Championnat de France Promotion.
Un nouveau Président
Une longue mise en place
La désignation en décembre 1949 d’un nouveau président : Georges Cazenove, ne produit pas de choc psychologique. Quillan ne parvient pas à se qualifier pour les demi-finales du Championnat du Languedoc Honneur : l’U.S.Q. qui a battu Thézan au 1er tour de la Coupe de France sera sortie au tour suivant par Laroque d’Olmes (8 à 0).
Ce fut l’une des saisons les plus difficiles pour le club mais la passion et l’espoir demeurent : la preuve… la mise en place par les dirigeants du club à la fin Février/début Mars 1950 du 1er loto dominical d’après match (non, Titin Bonnarel n’y est pour rien… pas encore !). Loto annoncé à grand renfort de publicité dans la presse qui le présente comme un événement sans précédent à Quillan. Imaginez les gros lots: 2 cochons gras.
Au cours de cette même année, le 26 Mai 1950, la municipalité vote le principe de l’acquisition du stade Jean Bourrel afin d’en faire un stade municipal qui sera mis à la disposition des sociétés sportives de la ville et des activités scolaires. Coût de l’acquisition : 3.700.000 francs.
Décision et achat qui feront couler beaucoup d’encre et de salive…notamment lors des joutes oratoires qui animent les réunions du conseil municipal: terrain trop petit et donc nécessité d’acquérir des parcelles supplémentaires, nécessité de construire des tribunes et des vestiaires afin d’attirer les supporters et d’amener plus de jeunes à la pratique de ce sport… mais cela demande des finances supplémentaires aussi certains conseillers municipaux s’offusquent quelque peu des sommes consacrées aux sports tandis que les activités artistiques sont financièrement délaissées.
N’étant pas parvenu à se qualifier pour le Championnat de France Honneur la saison précédente, l’U.S.Q. ne dispute pas les poules de brassage pour l’Excellence B. Le club débute sa saison officielle 1950/1951 en Championnat du Languedoc Honneur/Promotion. La belle victoire remportée sur Carcassonne au début du mois de Janvier 1951 donne à l’U.S.Q. la 2ème place de la poule et le droit de disputer, à Limoux, un match de classement contre le 2ème de l’autre poule Castelnaudary… battu 6 à 3, Quillan prend la 4ème place de ce Championnat. Dans le même temps, Capestang, vainqueur en finale de Carcassonne, devient Champion du Languedoc Honneur.
Défaite sans conséquence pour le club qui a son billet en poche pour le Championnat de France Honneur. Bien qu’éliminée de la coupe du Languedoc par les réserves de l’A.S. Béziers, l’équipe où l’on retrouve entre autres les Vaysse, Martre, Cabréra, Albas, Saunière, Jourda, Bonnarel, Villefranque, Caussidéry, Laffont, Rouan, Bergeron… vient à bout de Tournay (10 à 8), puis de Thuir (5 à 0).
L’U.S.Q. se qualifie pour les 8ème de finale du Championnat de France Honneur.
Le 1er Avril 1951, à Villefranche de Lauragais, Valence d’Agen met un terme à la saison quillanaise : 3 à 0.
Carcassonne vengera, un peu plus tard Quillan, en venant à bout de cette équipe de Valence d’Agen; Carcassonnais qui disputeront la finale du Championnat de France Honneur.
Pour finir sa saison, l’U.S.Q. se contentera de disputer le challenge de la Haute-Vallée mis en place en 1949 avec Limoux et Espéraza, clubs d’Excellence A.
Un certain nombre de changements marque l’intersaison.
1951/1952 Cazenove est toujours Président de l’U.S.Q., Jean Bonnet devient responsable technique, mais surtout Quillan, en raison des modifications faites par la F.F.R. dans la formule du championnat, jouera en Excellence.
Le début de saison est prometteur: victoire face à Millau, puis à Elne. Parallèlement le club se renforce, bénéficiant de la dissolution du S.C. Limoux… si certains Limouxins rejoignent les rangs du treize, d’autres poursuivent leur carrière à quinze à l’U.S.Q. (Escourrou, Lacroix, Robert, Fréjus…).
De même, afin d’assurer la pérennité du club, les dirigeants se tournent vers la formation de jeunes joueurs, c’est pour cette raison qu’une équipe juniors est mise en place en novembre 1951. Cette dernière disputera son 1er match officiel à Carcassonne en Challenge de la Dépêche du Midi. Malheureusement les problèmes d’effectifs rencontrés en cours de saison empêcheront probablement cette équipe de remporter le Challenge.
Quant à l’équipe fanion, après un début de saison en fanfare, elle semble avoir perdu son rugby. Les défaites se succèdent aux défaites… rien ne semble pouvoir mettre un terme à cette spirale infernale. Deux nuls face à Elne et Capestang et une victoire sur Villelongue permettent à l’U.S.Q. de se maintenir en Excellence.
Tous les espoirs se portent sur la saison 1952/1953. Quelques petites modifications sont intervenues dans le déroulement du championnat dans cette 1ère phase, seuls les deux premiers de chaque poule sont qualifiés. Les qualifiés sont ensuite répartis en 8 poules de trois, matchs simples, c’est-à-dire il n’y a pas de phase retour. Les premiers de chaque poule disputent les phases finales qui débutent au niveau des quarts de finale.
A la fin des matchs aller de la phase préliminaire, rien n’est encore joué dans cette poule H, l’U.S.Q., cinquième avec 14 points, peut encore croire à la qualification.
Malheureusement, le bilan des matchs retour est catastrophique : 5 défaites, une victoire et un nul. Quillan, avec 24 points, est éliminé sans jamais avoir démérité, ni encaissé de lourdes défaites. Le maintien en Excellence est assuré.
Nos voisins et frères ennemis audois ne sont guère mieux lotis car ni Espéraza, ni l’entente Carcassonne-Limoux ne parviennent à franchir ce 1er obstacle. Seul Couiza fera mieux en devenant Champion du Languedoc Honneur.
L’intersaison est agitée, des rumeurs occupent les discussions des clients du café Signoles, siège de l’U.S.Q., ainsi que dans la Grand’rue. Augustin Bonnarel serait en partance pour Albi, tandis qu’Antoine Barcelo rejoindrait les Ariégeois de Lavelanet. La presse annonce aussi la venue à l’U.S.Q. de joueurs de fédérale comme Baldy et Toujas du R.C. Narbonne ou Roig de l’U.S.A.P
Malgré ces effets de manchettes, la saison 1953/1954 est décevante, le club rouge et bleu ne décolle pas de la 7ème et avant dernière place de la poule.
En ce début d’année 1954, alors que les Français se préoccupent des évènements en Indochine (Diên Biên Phu) et de l’affaire Dominici… I’U.S.Q., malgré un sursaut d’orgueil n’a plus rien à attendre de cette saison : le nul concédé face à Villelongue, la victoire sur Millau et la défaite face à Capestang sont anecdotiques. Si le club assure son maintien, une fois encore, il est incapable de se qualifier pour les phases finales.
Dans la Haute-Vallée, et à Quillan en particulier, le rugby n’est pas qu’une simple distraction dominicale… c’est aussi un phénomène social.
En ce début des années 1950, la situation économique du département est mauvaise, la crise de l’industrie chapelière et la mévente du vin font du département de l’Aude, le département comptant le plus grand nombre de chômeurs. Cette situation a bien évidemment des conséquences négatives sur l’ensemble des autres activités.
En 1954/1955, pour sa première saison à la présidence de I’U.S.Q., René Galy connaît une saison assez exceptionnelle : l’équipe fanion engagée dans le Championnat de France de 3ème Division fait quasiment un parcours sans faute ne concédant que deux défaites (l’une à Prades après un match houleux et l’autre à Lannemezan), cinq nuls et 7 victoires.
L’U.S.Q. finit 1ère de sa poule avec un total de 34 points et en poche une qualification pour les phases finales.
C’est au cours du mois de Janvier 1955 que fut également construit le portique d’entrée du stade.
Au cours de cette saison, nos juniors disputent la Coupe du Languedoc face à des équipes séniors de séries régionales comme Cazouls, Olonzac, etc… afin d’acquérir une plus grande maturité.
Pour les supporters quillanais, la fête débute en ce début de printemps 1955: l’U.S.Q. affronte l’équipe du Sport Athlétiques Bordelais, à Moissac, en 16ème de finale… victoire 8 à 6. L’aventure se poursuit, en 8ème, à Montauban, Quillan bat après prolongations l’équipe de Montluçon. En quart de finale à Beaumont de Lomagne, La Teste, à son tour, est victime de l’ardeur quillanaise.
La demi-finale se joue à Arcachon contre l’équipe de Trignac. Le match est âpre, aucune des deux équipes ne parvient à l’emporter… même après les prolongations l’U.S.Q. se qualifie au bénéficie de l’âge.
Si l’adversaire de l’U.S.Q. est connu : il s’agit de Saint-Claude (classée 1ère équipe de 3ème Division avec un palmarès impressionnant : pas une seule défaite concédée à l’issue des matchs de poule), il n’en est pas de même du lieu de la finale puisque dirigeants, joueurs et supporters devront attendre de longues journées avant que la Fédération ne fasse son choix. Une fois encore, les supporters quillanais devront faire un long déplacement la finale aura lieu a Châteaurenard.
Le 15 mai 1955, devant une importante cohorte de supporters audois, l’U.S.Q. renoue avec un passé glorieux en emportant le titre de Champion de France de 3ème Division (Excellence). Titre tant attendu… mais titre acquis difficilement. Dès le début de la partie Vaysse voit sa tentative de pénalité renvoyée par la barre. Malgré une domination quasi constante, Quillan ne parvient pas à s’imposer. A la fin du temps réglementaire, le score est de 3 à 3. Il faut donc jouer des prolongations. La partie reprend, l’U.S.Q. dont la domination avait été jusque là stérile parvient à marquer un essai par Azalbert après une percée de Teisseire. Les minutes s’écoulent et c’est miracle si les Jurassiens n’encaissent pas des essais supplémentaires.
1953 L’ Equipe de France qui affronta l’Ecosse en 1953 avec Jean-Claude Rouan.
Jean-Claude Rouan, hommage au plus quillanais des internationaux de rugby à XV. Né dans la cité des Trois quilles, quelques années avant son jeune frère Louis, il gravit très vite les échelons pour jouer en équipe fanion. L’arrière brillant part à Narbonne pour continuer sa progression en 1951.
La saison 1954-1955 en détails
La saison 54/55 est la période de brassage d’un tout jeune contingent rouge et bleu à peine sorti de sa minerve de junior.
C’est l’entraîneur d’alors, René Danjou, qui mettra patiemment en formule l’équipe qu’il avait pour mission de maintenir en 3ème Division: ambitions « largement suffisantes pour ces jeunots ». Les prétentions du président Galy n’allaient guère plus loin ni plus haut d’autant que ses troupes sans chaussures et presque sans pantalons traînaient à la troisième place de leur poule. Cette place était due, pourtant à un début de cohésion difficile axé autour de la devise « No passaran ». Devise empruntée de l’autre côté des Pyrénées et rôdée pendant cette période au scabreux passage en poule catalane. « No passaran », ce genre du « Un pour tous et tous pour un » permettait à ce cartel d’une moyenne d’âge de 22 ans avec un pack frisant les 600 kilos, tout habillé et mouillé, de se frotter à des bien plus puissantes et plus chevronnées formations, sans complexe aucun.
Il est un fait qu’aucun d’entre les opposants n’arrivait à trouver une faille dans le dispositif défensif mis en place. Les rouge et bleu ne marquaient pas beaucoup d’essais, parce qu’ils ne pouvaient disposer que de peu de ballons d’attaque, mais l’adversaire n’en marquait aucun !
Ainsi, dans la poule, en Octobre 54, Thuir, Céret et Foix ne marquaient que sur pénalités; en Novembre idem pour Prades qui infligeait à Beaumont la première défaite aux Quillanais. En Décembre, même version des faits Ussel était battu chez lui 5 à 3, Pamiers à Pamiers 6 à 3 et Lannemezan chez lui acceptait le nul 3 à 3, une pénalité partout. Début 55, Espéraza prenait 11 points contre rien et Foix s’inclinait 3 à 0. En Février, Elne concédait le nul chez lui 6 à 6, Prades à Prades faisait tomber le club rouge et bleu d’une pénalité tout comme Lannemezan chez lui qui marquait lui, un essai et 14 points contre 3.
Ne pas laisser passer impliquait un altruisme total avec des références particulières.
Ainsi le « Joug » Jourda, même s’il n’avait pas la vitesse de ses vingt ans (c’était l’ancien du lot) arrivait toujours le premier en mêlée et en touche. Les avants éparpillés dans leur rôle défensif se repéraient à ce genre de panache qu’étaient ses bras levés comme de sémaphores nous aurait soufflé Georges Brassens. C’est peut-être en l’honneur de ce dernier qu’il eut un trait de génie ou une imaginaire contre litote. Ainsi, après le match de Foix, il fut sermonné par l’arbitre de la rencontre qui décida de lui retirer sa licence. Sous la pression des dirigeants quillanais, ce dernier accepta toutefois de ne pas envoyer la licence à la Fédé, sous réserve que le « Joug » veuille s’excuser. Difficile à manœuvrer, ce « Joug » taillé de toutes pièces dans le chêne le plus résistant, pourtant l’envie de jouer prima et Jourda consentit à se présenter, sous les tribunes, dans le vestiaire de l’arbitre, où il eût cette phrase d’excuse mémorable: « Monsieur l’arbitre, je vous excuse! ». Trompé par la sincérité du repentir et sans tellement prêter attention aux termes utilisés, le referé serra la main du coupable qui put rejouer, ainsi, le dimanche suivant.
« Papillon » Martre (Hervé), comme son surnom l’indiquait, poussait loin ses actions qui l’amenaient souvent à quitter le cocon protecteur de son huit. Il était pour le talonneur adverse, une sorte de peste comme le sont en judo les virtuoses du ko soto gake. Un peu avant lui, Pierrot Jalibert, dont Quichotte des stades, jouait les justiciers sans craindre les pattes des moulins à vent qui lui étaient opposés. Marc Vaysse qui nous quitta sur blessure, puis Jean Monié remplacé un peu plus tard par Luchesse à peine de retour du service militaire assuraient une tête de mêlée fonctionnelle non par le poids mais par un gabarit… de petit gabarit.
En 2ème ligne, « Titin » Bonnarel était le préposé à la récupération en touche de quelques ballons et surtout responsable des dribblings, non pour les mener, ce qu’il savait bien faire mais surtout pour faire avorter ceux de l’adversaire. Il fallait à cette époque un certain courage pour arrêter ces trains de pieds en marche aussi efficaces que des cohortes de légionnaires romains. Outre cette spécialité il avait le don de calmer, son éternel sourire aidant, les esprits en mal de vengeance et apportait certaines nuances dans les rapports avec le monde arbitral. « Le docteur » Faure avait lui, une manchette anesthésiante d’où son surnom; il réglait à sa façon toujours angélique les petits différents du pack. Cette bénédiction passagère permettait de décourager les agressifs d’en face! Llanas faisait lui aussi la police, suite logique à sa profession qu’il a terminée dans les Pyrénées Orientales.
En 3ème ligne, Julien Saunière (nous l’avons toujours prénommé René) dit « Panière »: on se demande qu’elles peuvent être les origines de son surnom tant il était efficace et adroit aux moments les plus délicats (référence le match des 16ème contre Bordeaux). Il est vrai que Jeanot Tailhan ne lui a jamais, même après la finale, pardonné d’avoir manqué le ballon de la gagne contre la Teste. On lui attribuait un petit défaut : il avait parfois de la difficulté à lever les pieds, ce qui semblait lui assurer par mimétisme une sorte de vengeance au travers des agressions qu’il encaissait lorsqu’il suppléait « Titin » dans son barrage aux dribblings. « Riri » Boyer avait, lui, la spécialité du plaquage en planche: un numéro particulier qui le projetait comme un V1 à 80 cm du sol, sur le possesseur de la balle. Son impact faisait plier de douleur les infortunés adversaires mais dans son objectif. Georges « Jo » bien sûr dit « La Palanque », Palancade, le capitaine avait la particularité d’arriver sur l’ouvreur d’en face en même temps que le ballon et si ce n’était pas le cas le premier centre recevait ses congratulations défensives. Son action était aussi percutante que son commandement et ses prises en touche longue ne manquaient pas de classe, même sur les lancers imprévisibles de son demi.
Derrière hormis l’immuable duo central Teisseire-Delon, dont les ancêtres avaient du dresser des barricades au temps de leur splendeur, les ailiers comme les demis changeaient assez facilement de numéro. On vit Danjou avec le numéro 11, le 10, le 13, le 15 (son poste de prédilection) avant d’être intronisé en numéro 9; de même Barcelo prit tour à tour le 10 pour finalement être préféré à l’arrière. A l’ouverture, après le décès de Gilbert Graulle un merveilleux technicien, André Mélendez aida parfaitement à cette mise en place en attendant Julien Vaysse qui devint la tour de garde de cette charnière, une tour inexpugnable, du vrai béton : il en connaissait d’ailleurs parfaitement.
Chez les gens qui s’exprimaient par leur vitesse Canavy avait la manière élégante et éthérée à la fois, d’un écolier qui en cours de maths pense à son premier baiser, mais quelle aisance naturelle ! Azalbert avait gardé de son passage à treize un punch meurtrier et une qualité défensive indéniable, comme au temps de Jojo Jalibert « La bomba » il serait devenu un perce murailles… s’il avait eu quelques munitions supplémentaires. Félix Péléato avait peut être une vitesse un peu moindre, mais son crochet intérieur n’en aiguisait pas moins ses appétits d’espace et de plein champs, ce qui permettait à notre redoutable 3ème ligne de continuer ses virevoltantes actions. René Lacombe, à son aile, « enseignait » les bonnes manières ; elles n’étaient pas tout à fait celles de son école de Belvianes mais professaient l’efficacité, c’est sûr. Jean Palancade avait, avec quelques kilos de plus, les mêmes manières que son frères Georges. Bon sang ne pouvait évidemment pas mentir.
C’est avec cet hétéroclite ensemble, mais combien sérieuse cristalline composition que s’ouvrit la saison avec la venue de nouveaux plus jeunes encore, parfois, comme Jean Audouy, Henri Ricardo, Jean-Pierre Honoré, Charles et René Bergeron, Robert Ruffié… et sans doute quelques autres que l’on a, c’est bien dommage oubliés, seulement aujourd’hui, parce qu’ils n’ont fait que passer, cette année là.
Les tactiques
Comme les joueurs, elles allaient chercher leurs sources dans les extrêmes et leur vertu dans l’improvisation fonctionnelle. Ainsi il n’était pas exceptionnel d’appeler près de notre ligne de but des touches « Jo », soit des touches longues ajustées sur le capitaine, voire très longues, directement sur le demi d’ouverture et ce grâce à des lancers imitant le geste du lanceur de javelot. Au contraire des touches très courtes, comme devant le S.A.B. étaient assurées à deux pas de la ligne de but adverse. De même en mêlée, on peut dire que le ballon sortait à la demande même s’il fallait aller le chercher dans les pieds des deuxièmes lignes de l’équipe adverse, ou par une poussée inattendue et fragmentée dans le temps.
Les troisquarts, eux, souvent privés de ballons étaient multifonctions et comme des clefs anglaises, s’adaptaient à tous les jeux et toutes les techniques, toutes les pièces du puzzle qui leurs étaient proposées. Leurs actions pouvaient prendre départ au ras de la mêlée comme revenir y rechercher quelques forces supplémentaires. De toute façon, jamais un ballon ne leur échappait dans leurs assauts vers les lignes adverses aussi imprévus qu’efficaces. Leur arme favorite et combien percutante étaient les ballons récupérés sur leurs plaquages et relevés au passage par l’un ou l’autre des trois-quarts, ou encore un avant venu prêter main forte.
Celle de la troisième mi-temps n’avait aucune comparaison avec les brillantes retrouvailles des clubs heureux. Les acteurs étant à ce point fatigués que le chauffeur et propriétaire Escalin n’avait plus aucun souci pour conduire dans un calme frisant le cauchemar de l’abandon, alors qu’il ramenait « ses petits » au bercail.
Les dirigeants
Les dirigeants étaient à la mesure de cette équipe, ils étaient aussi âpres dans leurs critiques que copains-copains.
Jean Bonnet avait un penchant pour les lignes arrières, mais possédait beaucoup d’amis dans le pack.
René Danjou contrairement à son poste aux Indirectes était très direct. Certes sa paternité dans le clan des joueurs lui imposait d’être sans doute plus sévère vis à vis de son rejeton, mais il avait l’avantage lors des entraînements de courir au moins autant que les joueurs, comme de partager leurs états d’âme et parfois leurs exagérations. Bref il comprenait !
Jean Tailhan, le secrétaire savait allumer toutes les étincelles sans se soucier des brindilles qui pouvaient s’en extraire mais il était présent surtout dans la défaite quand les joueurs avaient besoin de lui.
Seul à suivre sans broncher, l’inépuisable trésorier Jourdet semblait attendre des excès de dépenses qui ne venaient jamais.
Le président René Galy participait à tous les déplacements et jouait souvent au taxi, avec sa bétaillère, pour amener ses troupes au stade.
Debout, de gauche à droite : Hervé Martre, Georges Palancade, X, Luchesse, Jourda, Bonnarel, René Saunière, Henri Boyer, Faure, en civil, mains sur les hanches, Mr Bichof.
Accroupis : Canavy, X, Vaysse, Antoine Barcelo, Delon, Tisseyre, Azalbert, Mr Bonnet (Bonnet ou Bonétou maréchal ferrant face à l’école) Gilbert Graule.
Le sacre, sous la présidence de René Galy
Pour sa première saison à la présidence de l’U.S.Q., René Galy connaît une saison assez exceptionnelle : l’équipe fanion engagée dans le Championnat de France de 3ème Division fait quasiment un parcours sans faute ne concédant que deux défaites (l’une à Prades après un match houleux et l’autre à Lannemezan), cinq nuls et 7 victoires. L’U.S.Q. finit 1ère de sa poule avec un total de 34 points et, en poche une qualification pour les phases finales.
C’est au cours du mois de Janvier 1954 que fut également construit le portique d’entrée du stade. Au cours de cette saison, nos juniors disputent la Coupe du Languedoc face à des équipes séniors de séries régionales comme Cazouls, Olonzac, etc… afin d’acquérir une plus grande maturité.
Pour les supporters quillanais, la fête débute en ce début de printemps 1954 : l’U.S.Q. affronte l’équipe du Sport Athlétiques Bordelais, à Moissac, en 16ème de finale… victoire 8 à 6. L’aventure se poursuit, en 8ème, à Montauban, Quillan bat après prolongations l’équipe de Montluçon. En quart de finale à Beaumont de Lomagne, La Teste, à son tour, est victime de l’ardeur quillanaise. La demi-finale se joue à Arcachon contre l’équipe de Trignac. Le match est âpre, aucune des deux équipes ne parvient à l’emporter… même après les prolongations : l’U.S.Q. se qualifie au bénéficie de l’âge. Si l’adversaire de l’U.S.Q. est connu : il s’agit de Saint-Claude (classée 1ère équipe de 3ème Division avec un palmarès impressionnant : pas une seule défaite concédée à l’issue des matchs de poule), il n’en est pas de même du lieu de la finale puisque dirigeants, joueurs et supporters devront attendre de longues journées avant que la Fédération ne fasse son choix. Une fois encore, les supporters quillanais devront faire un long déplacement : la finale aura lieu a Châteaurenard. Le 15 mai 1955, devant une importante cohorte de supporters audois, l’U.S.Q. renoue avec un passé glorieux en emportant le titre de Champion de France de 3ème Division (Excellence). Titre tant attendu… mais titre acquis difficilement. Dès le début de la partie Vaysse voit sa tentative de pénalité renvoyée par la barre. Malgré une domination quasi constante, Quillan ne parvient pas à s’imposer. A la fin du temps réglementaire, le score est de 3 à 3. Il faut donc jouer des prolongations. La partie reprend, l’U.S.Q. dont la domination avait été jusque là stérile parvient à marquer un essai par Azalbert après une percée de Teisseire. Les minutes s’écoulent et c’est miracle si les Jurassiens n’encaissent pas des essais supplémentaires.
Au coup de sifflet final, les supporters audois laissent éclater leur joie : les Jourda Roger, Martre H., Vaysse Marc, Faure J., Bonnarel A., Palancade G., Saunière J., Boyer H., Danjou A., Vaysse Julien, Graulle G., Teissière C., Azalbert P., Canavy R., Mellendez, Delon, Barcello A., Llanas redonnaient à l’U.S.Q. un nouveau titre de noblesse.
Ce nouveau titre sera dignement fêté ; l’équipe, ses responsables techniques et dirigeants seront reçus à la mairie en présence du Sous-préfet. La fête se poursuivra tard dans la nuit avec un bal sur la place Raoul de Volontat.